La semaine dernière, nous étions invités pour le déjeuner du dimanche chez nos amis anglais, Paul et Deb, qui habitent dans le sud de la France. Le voyage jusqu’à leur superbe maison relève d’une expédition au cœur du pays Cathare sur les petites routes qui traversent les innombrables vignobles, contournent les châteaux éblouissants ou longent le Canal du midi dissimulé par les platanes.
Leur maison est toujours aussi belle et chaleureuse, avec ses sols recouverts de dalles multicolores, son intérieur où se mélangent des influences britanniques, scandinaves et provençales et sa cour ensoleillée où le rosier plie sous les fleurs malgré l’avancée de l’hiver. C’est le dépaysement total. Pendant que nous discutons avec nos amis, les odeurs venant de l’immense cuisine créent la surprise.
Paul nous raconte brièvement de quoi se compose le traditionnel déjeuner anglais du dimanche. D’habitude, il y a de la viande rôtie (du bœuf, de l’agneau ou de la volaille) qui est accompagnée de plusieurs petits plats : des légumes verts croquants (des haricots verts, du brocoli ou du chou de Bruxelles, quand on aime bien ça), des carottes, du panais rôti et obligatoirement des roasted potatoes, ces fameuses pommes de terre rôties, moelleuses à l’intérieur et croustillantes de l’extérieur. Enfin, vient une sauce au jus (gravy) pour unir le tout.
Notre repas commence par une salade haute en couleurs : roquette et lolo rossa au jambon cru, figues et mangue. Le melon peut aller se rhabiller : cette combinaison de saveurs nous séduit complètement.
Le plat principal (du poulet rôti avec des quartiers d’oignons et des feuilles de sauge, un mode de préparions pour la volaille très british et très goûteux) s’accorde très bien avec le panais rôti.
Ce légume très courant en Angleterre a été laissé à l’oubli (très injustement à mon avis) de ce côté de La Manche, et l’on essaye actuellement de remettre au goût du jour. Nos amis, qui tenaient auparavant des chambres d’hôtes, nous racontent une petite anecdote : une fois ils l’avaient proposé à des Français qui, surpris d’entendre que cet aliment inconnu à leurs yeux était du panais, se sont indignés : « Nous donnons ça aux bêtes ! ».
Nous aimons bien ce légume-racine aromatique et délicat, mais je le prépare le plus souvent en combinaison avec d’autres légumes, en poêlée ou en soupe. Je note bien le mode de préparation de ce plat composé entièrement de panais qui s’avère être des plus simples : il suffit d’éplucher les panais, de les couper en deux ou en quatre dans le sens de la longueur pour obtenir des tranches d’une épaisseur d’environ 1-1,5 cm, de les mettre dans un plat allant au four avec de l’huile d’olive et un peu de sel et de les enfourner pendant environ une heure ou jusqu’à ce qu’ils deviennent bien dorés.
Je n’ose plus envahir la conversation avec des questions culinaires, mais je suis tellement intriguée par les roasted potatoes que plus tard je demande qu’est-ce qui permet aux simples pommes de terre rôties de se transformer en cette tentation gourmande.
Et voilà tous les secrets que l’on m’a dévoilé, agrémentés de mon expérience personnelle (car je me suis lancée dans les expérimentations dès le jour suivant) :