Je sais que je ne
vous apprendrai rien si je vous dise que la courge (ainsi que le potiron) n’est
pas un légume mais un fruit. Par ailleurs, c’est uniquement comme un fruit que
je le connaissais depuis toute petite car, dans mon pays d’origine, la courge
est consommée toujours sucrée et est servie en tant que dessert.
Souvent, elle
est coupée en morceaux, puis cuite à l’eau avec du sucre. Mais l’utilisation la
plus courante – et la plus gourmande – est celle qui est aussi la plus simple :
la courge coupée en deux (ou en plusieurs gros morceaux, quand elle a une
taille plus conséquente) est rôtie au four sans être pelée (la partie la plus
savoureuse se trouve juste derrière la peau). C’est délicieux.
Auparavant, me
racontait ma grand-mère paternelle, on faisait cuire de gros morceaux de courge
dans les fours communales qui desservaient les habitants des vieux quartiers
des villes bulgares, puis les commerçants ambulants les vendaient encore chauds
dans les rues aux citadins frigorifiés, les attirant par leurs cris :
« Douce courge rôtie ! ». Ma grand-mère préparait aussi beaucoup
d’autres spécialités de courge, toujours sucrées. Il y avait le feuilleté de
courge, avec des fines feuilles de pâte étalées à la main (pas comme le mien -
recette ici - que je prépare avec de
la pâte filo, et qui n’est pas mal, non plus…). Ce dernier n’est pas sans
rappeler le fameux strudel autrichien (pas étonnant, les deux ont la même
origine … ottomane …). J’aimais particulièrement sa courge rôtie au lait et à
cannelle que je n’ai pas appris à faire, mais j’ai eu le bonheur de retrouver
sa saveur dans le pumpkin pie américain. De plus, elle préparait même une
superbe confiture de courge ! Je dois sans doute retrouver cette recette,
je me rappelle que ma grand-mère laissait tremper les morceaux de fruit
joliment coupés (à l’aide d’un couteau à vagues) dans une solution de chaux
comestible, avant de les plonger dans un bouillant sirop transparent ;
préparés de cette manière, les morceaux gardaient parfaitement leur forme et
devenaient croquants à l’extérieur et presque liquides à l’intérieur, meilleurs
que des bonbons … (Est-ce que quelqu’un peut me dire où je peux trouver de la
chaux comestible ?)
Quant à la courge
rôtie, ce mode de préparation convient au mieux aux variétés naturellement
douces et à chair fine et ferme, ou même farineuse, comme la courge butternut
et le potimarron. Chaque nouvelle variété que je trouve passe le test « du
four », mais les deux dernières restent mes préférées. J’aime aussi les
potirons à peau blanche qui pèsent plusieurs kilos (il me semble que leur
variété, c’est ‘potiron bleu de Hongrie’). Je les vois rarement ici, mais si
vous allez en ce moment en Bulgarie, vous ne pourrez pas manquer les monticules
d’énormes cucurbitacées entassées à même le sol dans les marchés, et pas que à
ces endroits (en plein été, ses mêmes terrains sont occupés par des monticules
non moins impressionnantes de pastèques). Quand vous acheter un de ces
potirons, il faut choisir parmi ceux qui ont la peau la craquelée, leur chair
est plus dense et plus sucrée que celle des potirons à peau lisse, souvent
aqueux. La Bulgarie est en fait le plus grand producteur de courges européen,
avec 133 000 tonnes pour l’année dernière. Il
semble que là-bas, la courge rôtie a encore de beaux jours devant elle.
Courge
rôtie
Pour cette recette,
il vous faut seulement de la courge à chair fine, dense et naturellement sucrée
(butternut, potimarron, …) et, éventuellement, quelques cuillers de sucre, de
préférence non raffiné (ou du miel)
Préparation :
Lavez
soigneusement la courge (ou le potiron …) et posez-la sur une planche à
découper. Prenez votre couteau le plus solide et affuté. Coupez d’abord la base
du pédoncule : il est très dur et
souvent, il pose des problèmes quand on essaye de couper la courge sans
l’enlever. Ensuite, tranchez la courge sur la longueur (ou demander à un homme
fort et sûr de lui de le faire). Pour une courge de petite taille (par exemple,
pour une courge butternut) cela peut suffire, sinon, découpez les deux parties
encore en deux, ou en plusieurs morceaux, ils cuiront plus vite.
Enlevez les
graines à l’aide d’une grande cuillère (ne les jetez pas, elles sont
savoureuses et bourrées de nutriments très intéressants ; une fois lavées
et séchées, vous pouvez faire griller ces graines au four avec un peu de sel
(et quelques épices, si ça vous dit) et les manger à l’apéro, ou bien, les
utiliser pour une recette qui n’en demande que 10 grammes … bien qu’elles soient
un peu longues à décortiquer). Utiliser toujours la cuillère pour débarrasser
toute la partie fibreuse qui a entouré les graines, c’est plus facile et le
résultat est plus propre.
Il
est inutile de se compliquer la vie en épluchant les morceaux de courge : on
les mangera à la petite cuillère, grattant la chair dense et délicieuse qui se
trouve juste derrière la peau ; on peut même manger la peau dans le cas des
courges bio, elle est parfaitement digeste et, s’il s’agit d’un potimarron et
une autre courge de couleur orange, elle est extrêmement riche en provitamine
A.
Placez
les morceaux de courge sur une plaque tapissée de deux couches de papier
cuisson (sinon, votre plaque risque d’être bonne à jeter). Vous pouvez ensuite parsemer
chaque morceau de sucre roux, si vous avez envie d’un dessert sucré, mais en
général la douceur naturelle de ces courges suffit amplement.
Mettez
la plaque à mi-hauteur dans le four (inutile de le préchauffer) et faites cuire
la courge pendant environ une heure à 180°C, en surveillant vers la fin. Quand
elle sera parfaitement rôtie, la courge aura une surface dorée, avec des taches
brunâtres.
Servez
chaud ou froid, arrosé éventuellement d’un filet de miel.
Bonsoir Diana! Tu me fais saliver et ressortir de délicieux souvenir de "ratchel" et "tikvenik"! Je suis bulgare qui vit en France depuis 17 ans...et dans mon tiroir j'ai presque toujours de la confiture de courge préparée par les doux soins de ma tante...à la chaux bien évidemment. Sauf que la chaux comestible, elle se cache en France 😉
RépondreSupprimerBlagodaria ti za milite spomeni i 6te opitam "prostotata" na pe4ena tikva otnovo s bezkraino udovolstvie! Leka ve4er.
Denitsa
Bonjour Denitza,
SupprimerUn grand merci pour ton gentil message, il me réchauffe le cœur ! Entre expatriés, on se comprend :) Et pour en rajouter, je peux t'avouer que je me transforme en Douchko Doubrodouchkov en cette période de l'année ! Et la courge cuite "na lokoumtcheta", tu connais? Difficile à traduire:)
Je te souhaite un délicieux weekend !
😊 Je suis aussi sensible avec l'approche des fêtes de Noël. Pour inviter un petit brin de Bulgarie ,j'essaie de respecter la tradition des mets sans viande le 24, avec les sarmi, pita, ochaf, tikvenik ili baklava...i za6to ne "courge cuite na loukoum4eta" - rien que le nom me fait sourire, si doux. Que se cache derrière?
SupprimerBel weekend à toi aussi 😊
Bonjour Denitsa,
SupprimerChez nous aussi, on fête la veille de Noël selon les traditions bulgares, elles sont tellement spéciales et spécifiques ! Puis le lendemain, on revient aux festivités selon les coutumes occidentales, avec la dinde aux marrons et le Christmas cake... C'est formidable de pouvoir inclure toutes les traditions des endroits où l'on a vécu dans son quotidien, je trouve.
Pour préparer la courge "n'a lokoumtcheta" (petits loucoums), il faut l'eplucher et la découper en dès de 2 cm de côté (de la taille d'un loucoum), après avoir enlevé les graines, bien sûr. Puis, on met la courge dans une cocotte et on la parseme de sucre (3-4 cuillères au moins, où plus, cela dépend de la quantité et de la douceur naturelle de la courge, et aussi des préférences personnelles). On couvre et on laisse reposer toute la nuit. Le lendemain, on cuit la courge dans le liquide qui s'est formé dans la cocotte, sans rajouter de l'eau. C'est très bon, et on peut préparer ainsi n'importe quelle courge. J'espère que cette préparation te plaira !
Merci!! Je testerai ces petites bouchées, c'est certain! A vite pour te lire 😊
SupprimerJ'adore le potimarron et je le fais souvent rôtir au four avec des épices version salée, cette recette de ton pays me plaît et je vais la tenter, je suis aussi sous le charme de ton bel article
RépondreSupprimerMerci beaucoup, Irisa! Je suis ravie que tu à aimé mon article, je me demandais y-a-t-il toujours des personnes qui continuent à lire les textes qui accompagnent les recettes, me voilà rassurée ! J'espère que la courge rôtie sucrée te plaira !
SupprimerBon weekend,
Il faudrait que j'essaie. Je n'aime pas la courge en version salée alors la sucrée, ça devrait mieux me convenir. Contrairement à toi, je n'ai pas été habituée à en consommer étant petite, ma mère n'aimait pas. Lorsque j'ai testé adulte, je n'ai pas apprécié.Merci en tout cas pour tes explications. J'ai un ami photographe qui revient de Bulgarie. Il a sans doute du prendre en photo les monticules de courge. Je vais lui en parler.
RépondreSupprimerMoi, j'ai découvert qu'on peut cuisiner la courge en version salée en arrivant en France, et j'ai eu du mal à m'y habituer. J'ai trouvé quelques bonnes recettes où sa douceur est équilibrée par les saveurs piquantes (la courge rôtie se marie bien avec le curry, par exemple...). Je te conseille de l'essayer en tant que dessert, c'est vraiment très bon.
SupprimerLes monticules de courge sont un excellent sujet photographique, ton ami ne les a pas sûrement raté ! J'ai regardé récemment un film bulgare, "Taxi Sofia", très dur et noir, mais très bon, et les courges étaient présentes, aussi ...
Tous mes voeux Diana. Que cette année nouvelle te soit douce !
RépondreSupprimerMerci infiniment, Isabelle ! Je te souhaite une merveilleuse année !
SupprimerJ’ai passé un bon moments et j en ai eue plein les yeux!!!
RépondreSupprimervoyance en ligne gratuite et serieuse