lundi 17 janvier 2011

UN DINER EPICÉ AUX SAVEURS INDIENNES

C. est une amie que j’apprécie énormément pour son naturel, sa générosité et son ouverture d’esprit. C’est elle qui m’a montré la pratique de la biologie moléculaire (« c’est comme faire la cuisine … ») au cours de mon premier stage de laboratoire. Tiraillées par nos occupations respectives, nous nous sommes un peu perdues de vue ces derniers temps et avions beaucoup de chose à nous dire. Pour la recevoir, elle et son compagnon, j’ai opté pour un dîner simple et savoureux organisé autour des chutneys, ces condiments raffinés à base de toutes sortes de fruits et légumes réunissant des saveurs épicées, piquantes, sucrées et aigres qui agrémentent les mets nord-indiens et dont on trouve les délicieuses descriptions dans les récits des écrivains anglais. Le meilleur que j’ai jamais mangé était un chutney à la mangue verte extrêmement piquant d’une célèbre chaîne de restaurants indiens et sri-lankais. Il était fraichement préparé, sans cuisson, comme sont en réalité la majorité des chutneys. J’ai aussi testé et accommodé les recettes pour une grande variété de ces chutneys que l’on cuit environ une semaine en avance pour laisser du temps aux aromates de se développer pleinement et de se mélanger d’une manière harmonieuse. Les chutneys dont je vous parlerai plus loin appartiennent à cette deuxième catégorie.
Le premier chutney est intervenu dans certaines des petits amuse-bouches qui sont venus accompagner les délicates bulles d’un Crémant de Limoux, comme les canapés au foie de canard.
CANAPES AU FOIE DE CANARD
Ingrédients :
* du pain de seigle d’Aveyron, coupé en tranches pas très fines
* mousse de foie de canard au Porto

Préparation :

Coupez les tranches de pain en carrés de 2 à 2 cm², grillez-les légèrement, puis tartinez-les avec le chutney de figues et posez dessus une tranche de mousse de foie.
Le repas a continué avec une petite salade de chou chinois & fenouil. J’ai découvert par hasard cette combinaison de deux légumes qui s’allient à merveille. Pendant que nous discutions de ce que nous avons fait l’année dernière, de nos projets et, entre autre, de notre incapacité grandissante à gérer nos rapports avec Internet, j’ai presque oublié les Côtes de porc au vindaloo masala qui se sont dangereusement approchées du point de combustion dans le four et j’ai dû intervenir en urgence en ajoutant de l’eau chaude dans le plat. Heureusement, ce n’est pas bien grave parce que les côtes de porc supportent, et même exigent, d’être bien cuites.

COTES DE PORC AU VINDALOO MASALA
Le vindaloo masala est un des plus brulants des mélanges d’épices indiens. Fait rare, il est généralement utilisé pour la préparation du porc, une viande traditionnellement peu consommée en Inde, sauf par la population chrétienne de Goa. Parfois, je l’utilise simplement pour préparer de la viande « à la façon européenne », sachant que je peux compter sur sa saveur riche et équilibrée.
Ingrédients pour le mélange d’épices vindaloo masala 
(Il existe, bien évidemment, plusieurs variantes)
 
* 8 clous de girofle,
* les graines de 2 capsules de cardamome noire,
* 2 bâtonnets de cannelle de 5 cm,
* 2 cuillères à café de piment de Cayenne,
* 10 graines de poivre noir,
* 1 cuillère à soupe de graines de cumin,
* 2 cuillères à soupe de coriandre,
* 1 cuillère à café bombée de graines de fenugrec,
* 1 cuillère à café bombée de graines de moutarde jaune.

Toutes les épices doivent être grillées dans une poêle à fond épais (p. ex., en fonte), en remuant sans cesse jusqu’à ce qu’elles prennent une couleur brun doré, soit 10 minutes environ. Ensuite, elles sont pillées au mortier ou passées au moulin électrique. Le mélange peut ensuite être conservé pendant 3 mois dans un récipient hermétique (je le garde en plus au réfrigérateur). Avant d’être utilisé, il est additionné de vinaigre.

Préparation :
Laissez mariner 4 côtelettes de porc dans un mélange de 2 cuillères à soupe de vindaloo masala et de 4 cuillères à soupe de vinaigre de vin rouge pendant au moins une heure. Puis, mettez dans un plat huilé et faites cuire dans un four chaud comme à votre habitude, en tournant une fois et en n’oubliant pas d’arroser d’eau chaude en cas de besoin.


Notre plat principal, rendu très piquant par le mélange d’épices indien, était capable de provoquer un vrai incendie dans les voies respiratoires qui peut être atténué uniquement par les saveurs sucrées. C’est pourquoi les chutneys de courgettes et de pommes, les carottes glacées et le riz basmati ont été bienvenues. C. a adoré. J’ai même reçu un « C’est pas mauvais » de la part de mon mari (rassurez-vous, c’est à peu près égal à « Excellent ! »).
En accompagnement du repas, nous avons proposé un vin chilien du Valle Central, étonnement fruité pour un Cabernet Sauvignon et en même temps suffisamment tannique pour s’immiscer dans une association réussie avec la viande épicée. En regardant comment ce vin est présenté, on peut facilement comprendre pourquoi  notre Ancien Monde est dorénavant conquit par les vins du Nouveau Monde, mis à part leur très bon rapport qualité prix et leur facilité à être bus avec les petits plats de tous les jours. La bouteille, à vis, s.v.p. (le mythe que les sommeliers préfèrent les bouteilles à bouchon de liège se dissipe peu à peu), est d’une sobre élégance, dotée d’une étiquette ne contenant que des informations essentielles. En revanche, la contre-étiquette est très expressive. On y trouve des explications en trois langues que ce vin vient de la cordillère des Andes, un endroit bénéficiant d’un climat méditerranéen propice à la culture de la vigne et où les premiers cépages de Cabernet Sauvignon ont été introduits par les Français au milieu du XIXème siècle. En plus, la contre-étiquette est dotée de quatre pictogrammes qui illustrent des choses qui sont bien souvent d’une minime importance du point de vue du producteur de vin français, mais d’une importance cruciale pour l’un amateur curieux et peu fidèle, comme l’origine du vin, le cépage, la température à laquelle il doit être servi et, enfin, s’il est sec ou doux.
Autour de minuit, il est enfin venu le tour des desserts que nos invités ont déniché dans une pâtisserie montpelliéraine : une pâtisserie par personne, aussi belles que délicieuses. Je vous laisse les imaginer, parce que je les ai découpées pour qu’on puisse les partager, et elles n’étaient plus aussi belles ... Je suis désolée, mais s’il y a quelque chose que je suis incapable de faire dans la vie, c’est de faire un choix au risque de ne pas gouter une nouvelle saveur.  


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