C’est un plat que ma fille a cuisiné le dernier jour
qu’elle a passé avec nous, avant de repartir pour Paris (vous reconnaitriez
sans doute la décoration de notre table festive que je viens à peine de ranger,
par crainte que la maison me paraitra brutalement trop vide ; nous avons
laissé seulement quelques petites bougies pour égayer nos repas du soir).
Je ne m’étonnerai pas si quelqu’un parmi vous me
disait que la célèbre recette s’appelle « Bœuf Stroganoff », et qu’il
faut donc la préparer obligatoirement avec du bœuf et rien d’autre. Mais ma
fille n’aime pas le bœuf ; elle cuisine cette recette avec des blancs du
poulet, d’après une recette américaine venant d’ici. Effectivement, il
existe aussi un grand nombre de plats nommés « Porc Stroganoff » – bien que la
nomination de « Porc façon Stroganoff » me semble un peu plus exacte.
Cette recette qui a fait plusieurs fois le tour du monde est cuisinée même avec
des crevettes (au Brésil), alors que les Suédois et les Finlandais ont leurs
« Saucisses Stroganoff » (korv-stroganoff et makkarastroganoff, respectivement).
En absence de poulet, j’ai suggéré à ma fille
d’essayer avec du filet de porc, me rappelant la recette du tokani hongrois que
je cuisine parfois. Et je dois avouer que j’ai préféré cette variante à
l’original ! J’avais juste une petite hésitation par rapport à
l’utilisation de la sauce Worcestershire : elle se marie bien avec le bœuf
et est souvent rencontrée dans les recettes américaines, mais je ne la sentais
pas trop avec le porc. En réalité, la combinaison a très bien marché. Le fait
de déguster un plat que quelqu’un d’autre a cuisiné a un gros avantage : on
peut apprécier des saveurs qu’on n’aurait pas osées au premier abord.
Selon certaines sources, c’est notamment le tokani
hongrois, servi au XVe siècle aux diners du roi Matias, qui serait à l’origine
du Bœuf Stroganoff. Selon la plupart des autres, ce serait une recette
française adaptée au goût des aristocrates russes ; elle serait créée par
le cuisinier français d’un comte de la famille Stroganoff (Alexandre selon
certains, Pavel selon d’autres). Cette famille était l’une des plus riches de
Russie depuis le XVIIe siècle : la surface des terres qu’elle possédait
était comparable aux territoires des Pays-Bas, de la Belgique et du Danemark
réunis. Selon une des légendes les plus populaires, le cuisinier avait
accommodé une recette classique de fricassée de bœuf au palais de son maître,
en ajoutant à la sauce un ingrédient russe classique, la crème aigre. La
recette originale ne contenait pas des champignons, mais uniquement de la
viande de bœuf (coupée en cubes et enrobée de farine), des oignons, du beurre,
de la crème aigre, du concentré de tomates et du poivre noir pour seule
épice ; ce plat avait été accompagné de pommes de terre et de cornichons au sel.
Le compte Stroganoff possédait aussi une des premières cantines d’Odessa :
c’est ainsi que le « Bœuf Stroganoff » (Бефстроганов) était
devenu très populaire dans les restaurants russes. Certaines recettes de cette
époque avaient inclut de la moutarde ou bien du vin de Madère et ont été
accompagnés de frites. En 1861, sa version à la moutarde était mentionnée dans
le livre « Cadeau à la jeune maîtresse de maison » que l’on surnomme
« Bible de la gastronomie russe ».
Après la révolution de 1917, la noblesse russe avait
fuit le pays en emportant la recette avec elle. Dans un livre consacré à la
célèbre famille, on raconte que le comte Sergei Stroganoff aurait donné la
recette au chef du restaurant parisien Maxim’s. La recette
« française », selon le Larousse gastronomique, contient de la crème,
du bouillon de bœuf, du paprika et du vin blanc. Depuis l’époque de l’Empire
russe, le plat était servi dans de nombreux restaurants de Chine où il a été
agrémenté d’épices et accompagné de riz. Quant à la variante japonaise, elle
avait inclut de la sauce soja. Dans les années 1950, le « Bœuf
Stroganoff », vraisemblablement importé aux États-Unis par des Chinois et
des militaires américains, est devenu très prisé dans le pays ; en
général, il est préparé avec des champignons, de la crème, de la sauce
Worcestershire et du paprika, et est servi avec des pâtes ou du riz. Traversant
de nouveau les océans, c’est justement cette version qui suivra.
Porc « Stroganoff »
Adapté de The candid appetite
Ingrédients (pour 5 à 6 personnes) :
800 g de filet de porc, coupé en lanières
2 gousses d’ail, finement hachées (2+3)
1 ognon, finement haché
1 c. c. de paprika doux
1 c. c. de piment sec en paillettes
1 c. c. de feuilles de thym frais
1 c. c. de sel
Poivre noir moulu
2 c. s. d'huile d’olive
1 ognon, émincé
3 gousses d’ail, finement hachées
250 g de champignons de Paris, coupés en lamelles
1 c. s. de sauce Worcestershire
2 c. s. de beurre
1 c. s. de farine
500 ml de bouillon de poulet
120 ml de crème fraiche
Facultatif : du persil plat ciselé pour la décoration
Pour l’accompagnement : 500 g de pâtes lisses et plates
(p. ex., des pappardelles, des linguines, des tagliatelles ou des nouilles)
Préparation :
Mettez la viande coupée dans un saladier, ajoutez 2 gousses
d’ail hachées, l’ognon haché, le thym, le paprika, le piment, le sel et le
poivre. Mélangez bien et laissez 1 heure au frais.
Faites chauffer 1 c. s. d’huile dans une grande cocotte sur
feu vif. Ajoutez la viande par petites portions et faites-la roussir sur les
deux côtés. Mettez de coté.
Versez la deuxième cuillère d’huile dans la cocotte.
Mettez-y le reste des gousses d’ail et l’oignon émincé. Laissez caraméliser pendant
5 minutes, puis rajoutez les champignons. Salez légèrement, poivrez et faites
dorer sur feu vif.
Dégagez le centre de la cocotte et faites-y fondre le beurre.
Ajoutez la farine et laissez cuire environ 1 minute pour faire un roux.
Augmentez le feu et versez le bouillon et la sauce Worcestershire
dans la cocotte, en remuant sans cesse. Remettez la viande avec le jus et
laissez cuire sur feu doux 40 minutes environ.
Pendant ce temps, faites cuire les pâtes selon les
instructions sur le paquet.
Peu avant la fin de la cuisson du plat, ajoutez la crème,
portez à ébullition et enlevez du feu.
Servez avec les pâtes, ou avec des pommes de terre vapeur,
sautées ou frites.
Sources :
Hummmmm... tu me donnes faim !
RépondreSupprimermmmh et merci pour l'histoire !
RépondreSupprimerTa fille cuisine très bien, bravo à elle!
RépondreSupprimerC'est vrai, et j'en suis très fière !
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
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